Je veux une job … et mon casier judiciaire me nuit

L’histoire de Maurice.

COMMENÇONS PAR LE COMMENCEMENT

Il était une fois Maurice. Maurice a eu des années, comment dire, hors-la-loi. Drogue, trafic, introduction par effraction, et j’en passe. Détention, travaux communautaires, il a payé son dû à la société. Heureusement, il a su revenir sur le droit chemin. Il a mis de côté ses mauvaises fréquentations et s’est trouvé un travail honnête dans une manufacture de chaise berçante. Plusieurs années s’écoulent quand… Malheur! L’usine vit des moments difficiles en affaire et doit procéder à sa fermeture définitive. Maurice perd son emploi après 10 ans de service.

Mais rappelons-nous ses années hors-la-loi. Inévitablement, son passé refait surface. Maurice n’est pas du genre à faire l’autruche et sait que ses antécédents judiciaires représentent aujourd’hui un obstacle à l’obtention d’un emploi.

Prenant son courage à deux mains, Maurice se relève les manches et entame ce qu’on appelle une recherche d’emploi active. Regardant son curriculum vitae jauni, tâché de café datant des années 80, il se dit qu’il devrait commencer par actualiser ses documents. Il fait donc appel aux spécialistes d’employabilité du CJE Option Emploi. Cette rencontre lui permet également de faire l’inventaire de ses compétences professionnelles. Parce que ce n’est pas parce qu’il a fait de la détention et qu’il a eu un passé plutôt houleux qu’il n’est pas un bon employé. NON. Il s’agit simplement d’en prendre conscience et d’être en mesure de se vendre auprès des employeurs.

Un lundi matin, Maurice navigue tant bien que mal sur les sites d’offres d’emploi. Il s’arrête sur une offre dans une usine qui semble être intéressante. Le seul hic; il sait pertinemment qu’ils vérifient les antécédents judiciaires. Ne reculant devant rien, il fonce, car il sait que rien n’est impossible surtout que ses délits antérieurs n’ont aucun lien avec l’emploi mentionné. Curriculum vitae à jour et lettre de présentation personnalisée à l’employeur, il rencontre les ressources humaines de l’entreprise. Tout y est; belle présentation, main serrée fermement, l’air confiant. Franchement, Maurice s’en tire plutôt bien.

Trois jours plus tard, il est convoqué à une entrevue de sélection. Le stress l’envahit soudainement. Et s’il devait parler de son passé? Et s’il devait tout dévoiler? Et si, et si, et si…

« Relaxe Maurice! Félicitations! Ne vois-tu pas que tu viens de passer la première étape, celle du C.V. »

En effet, cet appel vient de confirmer que ses compétences professionnelles et ses expériences de travail intéressent l’employeur. Il est un candidat POTENTIEL.

Nous sommes rendus aux trois jours plus tard. Le moment est venu pour Maurice de se mettre à nu (vous aviez compris l’image j’espère!). Comme un élève modèle, Maurice s’est bien préparé. Il s’est renseigné sur l’usine en question et a même fait une simulation d’entrevue avec sa conseillère du CJE Option Emploi.

L’entretien se déroule plutôt bien. Il répond aisément aux questions, appuie ses réponses par des exemples concrets, connait ses forces et sait les mettre en valeur. MAIS, ce qu’il redoutait se passe. Juste avant de quitter, l‘intervieweur lui demande de remplir des derniers papiers pour faire la vérification des antécédents judiciaires. Entre ça et tomber face-à-face avec un grizzly, Maurice aurait préféré la deuxième option.

MAURICE SAISI LA BALLE AU BOND

Il coche la fameuse case du casier judiciaire ET demande à parler à nouveau à la personne responsable. Il saisi cette opportunité afin de RASSURER l’employeur. Il l’informe que, par souci de transparence et de honnêteté, il souhaite les informer qu’il possède effectivement un casier judiciaire. Il rajoute qu’il s’est écoulé plusieurs années depuis et qu’en rien ceci n’affecte sa crédibilité en tant qu’employé. Il donne des références POSITIVES et remet une lettre de recommandation de son dernier employeur (quand je vous dis que Maurice s’était bien préparé…).

Maurice ressert une dernière fois la main de l’employeur et le remercie du temps accordé.

Une journée s’écoule, deux journées et puis trois…

Il reçoit enfin un appel de l’usine. EURÉKA! Il a décroché l’emploi. À ce même moment, il voit que sa préparation, sa transparence et son honnêteté ont porté fruit. L’employeur lui fait également la remarque par téléphone.

APRÈS L’EMBAUCHE, PLUSIEURS MOIS PASSENT …

Toujours à l’emploi, Maurice se fait approcher par une autre entreprise. Cette dernière offre quelque chose d’alléchant, de très, très alléchant. Les conditions de travail, le salaire, les tâches, tout y est. Il ne sait dire non à cette offre.

PAR CONTRE, Maurice sait qu’il doit agir à titre d’ambassadeur. Il est conscient que la personne qui le précédera sera, peut-être, elle aussi, une personne judiciarisée. Et elle aussi, aimerait avoir sa chance d’être engagée. Il agit donc de manière professionnelle dans sa démission. Il rencontre son boss, lui explique la situation, le remercie de cette opportunité d’emploi qu’il a eu au sein de son entreprise et lui donne un deux semaines de préavis.

Oui, c’est difficile. Oui, c’est décourageant par moment (désolée si tu souhaitais entendre une autre version!). Mais en mettant les efforts, en écoutant les conseils de spécialistes et en se mobilisant, tout est possible. 

J’aimerais vous dire que les employeurs sont tous aussi compréhensifs que celui de Maurice. Mais non. Il y a encore beaucoup de sensibilisation à faire en ce sens. Malheureusement. Beaucoup d’étiquettes restent à déconstruire…

Connaissez votre valeur, vos forces, vos compétences, ce qui fait que vous vous démarquez des autres candidats et CROYEZ-Y. Soyez honnêtes. Rassurez l’employeur. Démontrez votre intérêt, votre dévouement.

Et surtout, allez chercher l’accompagnement nécessaire dans votre recherche d’emploi. Qui sait, ça pourrait peut-être mener à une fin heureuse…

Au CJE Option Emploi, nous avons deux intervenantes en employabilité spécialisée avec la clientèle judiciarisée en communauté, n’hésitez pas à prendre un rendez-vous!

Marilyne Trudeau,

Intervenante en employabilité – clientèle judiciarisée en communauté

(418) 689-6402 poste 229

Jacynthe Paquin,

Intervenante en employabilité – clientèle judiciarisée en communauté

(418) 689-6402 poste 232